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Les Contes d'ETK Onilatki
31 août 2006

les mouettes

Il était une fois deux jeunes filles très prétentieuses, qui s’appelaient Rolia et Brania. Elles étaient jalouses l’une de l’autres, et sans cesse rivalisaient en bijoux, vêtements précieux, coiffes de toute beauté, pour s’attirer les regards de tous les jeunes gens du coin.

Un jour, Brania et Rolia jetèrent toutes deux leur dévolu sur ce magnifique jeune homme qu’elles apercevaient en haut de la tour qui plongeait dans la mer. Et, vêtues, parées et maquillées, elles se rendirent à cette tour.

Le jeune homme était là, comme toujours, accoudé à la fenêtre, le regard dans le vide. Ses cheveux châtains retenus par un tasaï[1] doré, ses vêtements somptueux, son air doux et triste, tout ça avait attiré le regard des deux jeunes filles, qui se trouvaient maintenant en bas de la tour, sur le rivage. La mer était calme, et des rochers rendait possible l’accès à la tour. Rolia et Brania se hâtèrent, se bousculèrent, se poussèrent, et finalement arrivèrent à la porte de la tour essoufflées, échevelées et débraillées. La porte de la tour s’ouvrit lentement, et elles entrèrent. Elles cherchèrent les escaliers, mais ne les trouvèrent pas. Cependant, au fond de la pièce la plus éloignée de la porte, se tenait un trône de corail et de mousse, entouré d’eau. Les deux jeunes filles s’approchèrent : « c’est lui, c’est lui, il va me choisir moi, et je serai plus riche qu’elle ! » Mais lorsque l’eau gronda, moussa, bouillonna, ce n’est pas le jeune homme qui sortit de l’eau, mais Levnétyi, la cinquième fille de l’Impératrice des Mers !

Levnutyi s’assit tranquillement sur le trône, et regarda les deux filles de la tête aux pieds. « Vous êtes dans un piètre état, leur dit-elle. Vous avez dû parcourir une longue route, et vraiment vouloir me voir, pour venir jusqu’ici. Pour récompenser votre courage, je vais exaucer à chacune de vous trois vœux. Allez-y, parlez. »

Bien évidemment, Brania et Rolia se chamaillèrent pour savoir qui parlerait en premier, si bien que Levnutyi trancha : la plus petite parlerait en premier. Alors, elles se roulèrent en boule. Lorsque Levnutyi décida que, finalement, la plus grande aurait la parole, elles se déplièrent, et se hissèrent sur leur pointe des pieds. Alors, Brania vit qu’elle était plus petite, et rugit à l’encontre de sa rivale : « si je pouvais voir plus haut que toi ! » Et alors, elle s’éleva au dessus du sol. Rolia cria : « non ! c’est moi, qui vois plus haut que toi ! » Elle s’éleva à son tour. Mais bien sûr, elles ne s’en rendait pas compte, bien trop préoccupées par leur chamaillerie. Brania tira Rolia par les cheveux : « je suis plus grande que toi ! », et Rolia attrapa à son tour les cheveux de Brania, et à son tour hurla : « c’est moi, la plus grande ». Elle ne voyaient toujours pas qu’elles étaient de plus en plus au-dessus du sol. Levnutyi les regardait, d’en bas, amusée. Les deux rivales criaient de plus en plus fort, d’une voix de plus en plus aiguë, et lorsque Rolia gifla Brania en hurlant : « c’est moi qui irait voir ce jeune homme en premier », elle vit que son bras était couvert de plumes. Brania, à son tour, gifla Rolia en hurlant qu’elle serait la première à voir le beau jeune homme, et elle aussi vit son bras couvert de plumes. Elles s’observèrent mutuellement, paniquées : tout leur corps était couvert de plumes, elles étaient devenues plus petites, leur bouche s’était allongée en bec, leur jambes étaient des pattes, et leurs bras des ailes.

Levnutyi prit alors la parole : « vos trois vœux ont été exaucés, et vous verrez en même temps ce jeune homme auquel vous tenez tant. En voulant voir plus haut l’une que l’autre, vous êtes devenues des oiseaux, d’une espèce qu’on appellera « mouette[2] ». Vous pourrez sortir par la fenêtre du haut. Je vous souhaite une vie agréable. »

Lorsqu’elles passèrent près du jeune homme à la fenêtre, les deux mouettes s’aperçurent qu’il ne s’agissait que d’une sculpture, très belle, magique, réalisée par Levnutyi elle-même.

 


 

[1] Sorte de bandeau fin en tissus ou en cuir, que les hommes jeunes portent.

[2] En koviouvaga, « mouette » se dit « roliabrania » ou « braniarolia », selon ce que chacun décide.

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