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Les Contes d'ETK Onilatki
9 mai 2008

Tsinounlaï et le Serpent.

Il était une fois un jeune Ouvaga, du clan Okalir, qui s’appelait Tsinounlaï. Il aimait se promener en ski à travers les étendues glacées, surtout au lever du jour, quand la Neige s’habille d’or et de rouge. Un jour qu’il se promenait ainsi, il vit quelque chose de bizarre. Il s’approcha, et découvrit un bouquet de plantes et de plumes planté dans la Neige. Intrigué, il se pencha, l’effleura, puis le cueillit. C’est alors que le bouquet trembla, et un serpent se dressa et fixa Tsinounlaï. C’était un étrange serpent noir, bleu, vert, rouge et or, avec des plumes et des feuilles au sommet de la tête.

« Pourquoi m’as-tu dérangé ? dit le serpent d’une voix sifflante, personne n’a le droit de me déranger quand je dors.

_ Je ne l’ai pas fait exprès, se défendit Tsinounlaï, je ne savais pas que tu dormais, je ne savais même pas que tu étais là.

_ Tu m’as l’air gentil et courageux, reprit le serpent au bout d’un moment, après avoir un temps considéré en silence Tsinounlaï. Je ne te transformerai donc pas en statue de glace tout de suite, mais je ne te laisserai pas non plus partir tout de suite. Il faut d’abord que tu ailles dans la Forêt voir la Chouette-Qui-Sait-Tout, et que tu lui demandes de mettre un peu de la lumière de ses yeux dans une petite boîte en or, puis tu me rapporteras cette boîte. Si tu échoues, je te transforme en statue de glace. »

Puis le serpent remit au jeune homme la petite boîte, et disparut entre les feuilles et les plumes du bouquet.

Tsinounlaï, un peu déconcerté, se dirigea vers la Forêt, tout en se demandant bien comment il allait trouver la Chouette-Qui-Sait-Tout. Il marchait, ses skis et son bâton sur son dos, et ne remarquait que les arbres s’écartaient devant lui. Puis tout-à-coup, il se retrouva face à un gigantesque arbre bleu-nuit aux feuilles d’argent. Tsinounlaï s’arrêta, il avança la main pour effleurer l’arbre, lorsqu’une voix à la fois cassée et cristalline retentit :

« Tsinounlaï, je ne peux pas te donner comme ça ce que tu veux. Donne-moi la boîte, j’y mettrai un peu de la lumière de mes yeux, mais à une seule condition : rapporte-moi un morceau du trésor de Tchimvletchir, cet oiseau t’y conduira. Si tu ne le suis pas, tu échoueras, et si tu échoues, je ne te donnerai pas ce que tu veux, et tu seras transformé en statue de glace. »

C’était la Chouette-Qui-Sait-Tout. Dès que la voix se tut, un oiseau tourna autour de la tête de Tsinounlaï, puis indiqua une direction : le trésor de Tchimvletchir. Aussitôt, Tsinounlaï se mit en route et ne quitta plus l’oiseau des yeux. Mais il avait de plus en plus de mal à marcher. L’atmosphère devenait lourde. La Forêt s’obscurcissait. Un ski glissa au sol. Lorsque Tsinounlaï se pencha pour le ramasser, il s’aperçut que les arbres refermaient le passage derrière lui. Anxieux, le jeune homme poursuivit son chemin en silence dans l’obscurité, sans perdre de vue l’oiseau qui virevoltait devant lui. Soudain, un rayon de lumière perça à travers les branches sombres, et bientôt le sentier s’ouvrit sur une lumineuse clairière dorée. L’oiseau disparut, laissant Tsinounlaï seul au milieu d’un paysage merveilleux : les troncs et les branches des arbres étaient de la couleur du Soleil, leurs aiguilles et leurs feuilles étaient de la couleur de la Lune. Au sol, un tapis noir, rouge, bleu, vert et blanc, très doux, invitait à se reposer. Tsinounlaï quitta ses skis et ses bottes, s’avança sur le tapis, émerveillé, et s’assit. A peine fut-il installé qu’une voix retentit :

« Voilà, Tsinounlaï, je t’ai mené jusqu’au trésor de Tchimvletchir, où seul Tchimvletchir peut se rendre. Mais je ne te donnerai pas tout de suite un bout de ce trésor, car avant je veux que tu répondes à mon énigme : qui suis-je ?

_ Tu es l’oiseau qui m’a mené ici, répondit Tsinounlaï.

_ Certes, mais quel est mon nom ?

_ Ton nom… réfléchit Tsinounlaï… Tu m’as dit que seul Tchimvletchir pouvait se rendre ici, or, tu m’y as conduit, donc… Ton nom est Tchimvletchir !

_ Bravo… Voici un morceaux de mon trésor : cette branche. Apporte-la à la Chouette-Qui-Sait-Tout. Pour la rejoindre, tu n’as qu’à fermer les yeux et te remémorer le paysage de tout à l’heure, quand elle s’adressait à toi. Bonne chance… »

Tsinounlaï fit ce que l’oiseau avait dit, et se retrouva chez la Chouette-Qui-Sait-Tout. Il brandit la branche, et l’appela :

« Chouette-Qui-Sait-Tout, voici un morceau du trésor de Tchimvletchir.

_ Je te remercie, mais je ne peux pas te donner la boîte maintenant. Il me faut d’abord un bout de la Pierre de Lumière, qui est cachée au milieu d’une grotte dissimulée au centre de cette Forêt. Suis-donc ce lapin, il t’y emmènera. Si tu ne le suis pas, tu échoueras, et si tu échoues, je ne te donnerai pas ce que tu veux, et tu seras transformé en statue de glace. »

Tsinounlaï suivit le lapin qui avait surgi devant lui, et qui gambadait entre les arbres. Ils allaient très, très loin dans la Forêt, là où les arbres étaient encore plus touffus, là où aucune lumière ne pouvait pénétrer. Et pourtant, une vive lueur se dessinait. Le lapin allait de plus en plus vite, et Tsinounlaï avait de plus en plus de mal à le suivre. Enfin, ils arrivèrent au centre de la Forêt, là où se trouvait la grotte, d’où la lueur s’échappait : la Pierre de Lumière… Le lapin sauta dans la grotte et disparut. Tsinounlaï le suivit. La lumière était si forte qu’il devait fermer les yeux. Enfin, il atteignit le sol de la grotte, et tomba. Lorsqu’il se releva, il sentit sous ses doigts un petit caillou. Il ouvrit les yeux, et les referma presque aussitôt, ébloui : ce petit caillou était un fragment de la Pierre de Lumière.

« Ferme les yeux, dit le lapin, et représente-toi le paysage de tout à l’heure pour rejoindre la Chouette-Qui-Sait-Tout. Bonne chance… »

Tsinounlaï fit ce que le lapin avait dit, et se retrouva chez la Chouette-Qui-Sait-Tout. Il brandit le caillou, et l’appela :

« Chouette-Qui-Sait-Tout, voici un bout de la Pierre de Lumière.

_ Je te remercie, mais je ne peux pas te donner la boîte maintenant. Il faut d’abord que tu fasses venir Kindoulïa devant moi. Cet écureuil t’aidera. Si tu ne le suis pas, tu échoueras, et si tu échoues, je ne te donnerai pas ce que tu veux, et tu seras transformé en statue de glace. »

Tsinounlaï vit un écureuil, qui sautillait de branche en branche. Il le suivit, et bientôt s’aperçut qu’ils s’approchaient de la lisière de la Forêt. Qui donc pouvait bien être cette Kindoulïa ? Ils sortirent de la Forêt. Le jeune homme posa ses skis au sol, et glissa, toujours guidé par l’écureuil. Mais il faut surpris de constater que le petit animal le menait vers la bouquet de plantes et de plumes où dormait le serpent…

« Voici Kindoulïa, dit l’écureuil de sa petite voix fluette.

_ Mais… C’est le serpent, balbutia Tsinounlaï, inquiet. Je n’ai pas obtenu la boîte de la Chouette-Qui-Sait-Tout, et je vais être changé en statue de glace…

_ Non, répondit l’écureuil, n’ai aucune inquiétude. Ramasse donc ce bouquet délicatement, et retourne auprès de la Chouette-Qui-Sait-Tout en fermant les yeux et en pensant très fort à elle. Bonne chance ! »

L’écureuil disparut. Tsinounlaï se pencha lentement vers le bouquet, le prit avec douceur entre ses mains, ferma les yeux et pensa à la Chouette-Qui-Sait-Tout. Il se retrouva aussitôt près de l’arbre bleu-nuit aux feuilles d’argent.

« Chouette-Qui-Sait-Tout, appela Tsinounlaï d’une voix tremblante, voici Kindoulïa.

_ Je te remercie, Tsinounlaï. La branche du Trésor de Tchimvletchir, le morceau de la Pierre de Lumière, et enfin Kindoulïa. Je peux maintenant mettre un peu de la lumière de mes yeux dans cette petite boîte. Mais j’ai encore besoin de toi. A ton avis, qui est Kindoulïa ? »

Tsinounlaï ne répondit pas tout de suite, et réfléchit. Kindoulïa ne pouvait être un simple serpent… Etait-ce une fée ? Une sorcière ? Une Atchelovï ?

« Si je me trompe, que se passera-t-il ?

_ Tu seras changé en statue de glace, fit calmement la Chouette-Qui-Sait-Tout. »

Le cœur serré, Tsinounlaï observa attentivement le bouquet de plantes et de plumes : « dis-moi qui tu es, dis-moi qui tu es », pensa-t-il très fort.

« Et si je ne réponds pas ?

_ Statue de glace.

_ Evidemment… »

Que faire ? Que dire ? « Dis-moi qui tu es, dis-moi qui tu es ! » songea-t-il vivement, les yeux fixés, rivés sur le bouquet. Et il lui sembla qu’une voix, que lui-seul pouvait entendre, lui répondait : « Tour-à-tour Femme et Serpent, je fais partie des gardiens de la Forêt. Je change en statue de glace tous ceux qui ne savent pas écouter les conseils de la Chouette-Qui-Sait-Tout et de ses amis, puis trois jours après, ils reprennent leur forme première, et s’éloignent, en oubliant ce qu’ils ont vu. Ils ne garderont, comme souvenir de cette aventure, qu’un rêve où un serpent sortira d’un bouquet de plantes et de plumes, pour y entrer aussitôt après. En revanche, toi, tu te souviendras de toute cette aventure, et surtout tu ne m’oublieras jamais. Réponds sans crainte, maintenant, et tu me verras sous une autre forme. »

Tsinounlaï prit une grande respiration, et répondit à la Chouette-Qui-Sait-Tout :

« Kindoulïa est une gardienne de la Forêt, tour à tour serpent ou femme. »

Alors, il y eut un éclair éblouissant, et le bouquet de plantes et de plumes frémit. Une tête, des épaules et des longs bras, un corps, des pieds et des longs cheveux : Kindoulïa avait pris sa forme humaine. Vêtue d’une longue robe verte, bleue, rouge, noir et dorée, coiffée d’une couronne qui rappelait la crête de sa forme serpentine, Kindoulïa plongea ses yeux dorés dans ceux de Tsinounlaï.

« Voilà, Tsinounlaï. Tu as réussi. Tu peux revenir ici quand tu veux, et tu y trouveras toujours de l’aide. Il te suffira de m’appeler très fort, mais sans parler, et de penser à cet arbre bleu-nuit aux feuilles argentées. A bientôt…

Kindoulïa frappa dans ses mains, et Tsinounlaï se retrouva sur ses chères étendues glacées. Sans parler, il remercia Kindoulïa, la Chouette-Qui-Sait-Tout, l’oiseau Tchimvletchir, le lapin, l’écureuil, et regagna son village, les pensées encore tournées vers la Forêt.

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