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Les Contes d'ETK Onilatki
22 juillet 2008

La sorcière et ses enfants.

Il était une fois, dans un lointain royaume, une femme très belle et très étrange qu’on appelait Sélénor. Elle connaissait les secrets des roches et des plantes, et parlaient le langage des animaux et des fleurs. Les gens s’en méfiaient, car on racontait que si on la regardait dans les yeux trop longtemps, on devenait prisonnier de ses maléfices. Pourtant, un jeune homme nommé Anaël s’aventura près de sa chaumière, à plusieurs lieues du premier village, près de la forêt. Il regarda Sélénor dans les yeux, et en tomba aussitôt amoureux. Sélénor et Anaël eurent deux enfants : Zéphyr et Euphrosine.

Les années passèrent. Zéphyr avait maintenant vingt ans. Il était très beau et vigoureux. Il aimait le calme de la forêt, et avait hérité de sa mère un goût pour l’indépendance et la liberté. Or, le roi était en guerre, et on recrutait tous les hommes jeunes en âge de se battre. Zéphyr allait devoir partir au combat, ce qui ne l’enchantait guère. Assis sur un rocher, la tête enfouie entre ses mains, il se mit à pleurer. C’est alors que le rocher lui dit : « demande donc conseil à ta sœur ». Il alla trouver Euphrosine, qui lui répondit : « demandons à papa son avis ». Ils allèrent trouver Anaël , qui aussitôt déclara : « demandons l’aide de votre mère ». Cette dernière réfléchit un instant, puis expliqua :

« Il faut me faire confiance, entièrement confiance. Crains-tu de perdre la tête ?

Non, répondit Zéphyr, intrigué.

Très bien ! Dans ce cas, va retrouver le rocher sur lequel tu étais assis, et passe la nuit allongé dessus.

Mais, protesta Euphrosine, c’est peut-être sa dernière nuit à dormir, les soldats du roi viendront le chercher demain !

Ils viendront, mais ne l’emmèneront pas, répliqua Sélénor calmement.

Ils le prendront même s’il est malade, dit Anaël : ils manquent de combattants.

Ils ne le prendront pas, répéta Sélénor en souriant.

Zéphyr fit comme lui avait dit sa mère : il retrouva le rocher, s’allongea dessus, et s’endormit d’un sommeil très lourd.

C’est alors que Sélénor s’approcha de lui, munie d’un sabre. Elle badigeonna le sabre d’une décoction spéciale, murmura des mots magiques, et d’un coup net trancha la tête de son fils. Pas une goutte de sang ne s’était écoulée.

Le lendemain, quand les soldats du roi passèrent chercher Zéphyr, ils trouvèrent la famille en larme autour du corps coupé en deux.

Un effroyable accident, hélas ! se lamenta Sélénor. Sans doute a-t-il voulu s’entraîner avec son sabre, il a glissé, et…

Les soldats du rois repartirent : que pouvaient-ils faire d’un mort ?

Alors, à la nuit tombée, Sélénor et Anaël transportèrent le corps de Zéphyr jusqu’au rocher, tandis qu’Euphrosine y emportait la tête. Sélénor enduisit le sabre d’un onguent particulier, murmura des paroles magiques, et plaça le sabre entre le corps et la tête. Une grande lumière irradia les alentours, et Zéphyr était de nouveau entier et vivant.

Quelques temps passèrent. Euphrosine avait maintenant dix-sept ans, et était devenue très belle, si bien que nombres de gens osaient s’aventurer près de chez la sorcière pour apercevoir la jeune fille. Un homme en particulier se fit très pressant. Mais il faisait peur à Euphrosine . Un jour, Sélénor appela sa fille, son fils et son mari, et leur dit : « cet homme, qui tourne autour d’Euphrosine, est un comte, qui se croit tout permis. Demain, il viendra t’enlever, ma fille, et t’emmènera dans son château. Personne ne pourra l’en empêcher. Cependant, tu pourras t’échapper ensuite : voici une fiole, qui contient une pommade spéciale. Dès que tu auras franchi la porte du château, ouvre la fiole, et enduis ton visage de pommade. Fais-moi confiance, et il ne t’arrivera rien de fâcheux. »

Tout se passa comme la sorcière l’avait prévu : le comte surgit sur son cheval, le lendemain après-midi, et enleva la jeune fille. Il arriva vite à son château, et une fois la porte franchie, Euphrosine fit ce que sa mère lui avait dit. Lorsque le comte se retrourna vers elle, il poussa un cri de terreur, sauta de son cheval et s’enfuit s’enfermer dans ses appartements. Alors, le cheval rebroussa chemin et ramena Euphrosine chez elle. La jeune fille descendit avec douceur, remercia le cheval, et avança vers ses parents et son frère, qui l’attendaient devant la porte.

« Pourquoi le comte s’est-il enfui en voyant mon visage ? demanda Euphrosine.

C’est simple, répondit Sélénor : j’ai senti sa plus grande peur. Les animaux, les roches, les plantes et les fleurs me l’ont confiée : cet homme a peur des sangliers. Ton visage, une fois badigeonné, a ressemblé à celui d’une laie. Pour lui, tu es une laie. Il ne reviendra jamais t’importuner. »

Plus tard, deux orphelins, Ysilde et Corentin, frère et sœur, qui cherchaient à gagner la ville dans l’espoir d’une vie meilleure, passèrent près de la cabane. Dès que Corentin vit Euphrosine, il en tomba aussitôt amoureux, et le sentiment fut réciproque. Et dès qu’Ysilde vit Zéphyr, elle en tomba aussitôt amoureuse, et le sentiment fut réciproque. Ysilde et Corentin ne quittèrent jamais la cabane de la sorcière : c’était là qu’ils avaient trouvé le bonheur…

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