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Les Contes d'ETK Onilatki
28 avril 2009

Le médaillon ensorcelé.

Voici une page très sombre de l’histoire des Ouvaga, page pas si ancienne que cela, d’ailleurs. Comme souvent, la légende s’est emparée de l’histoire, y insérant une part non négligeable de mystère et même de magie. Le mot « tongoï » peut signifier « sorcier » ou « magicien » voire parfois « chamane ». L’appellation « Tongacha » est une façon affective de désigner les tongoi. Mais trêve de bavardage.

 

 

Une tongoï nommée Ulsirka Volinalka, surnommée Limézinaïka ou Inaïka, portait autour du cou un étrange médaillon en forme d’œil. Elle tenait ce médaillon de sa mère, qui le tenait de sa mère qui le tenait de sa mère et ainsi de suite. C’était un diamant noir ovale, où des petits rubis étaient incrustés en spirale, et qui comportait en son centre, à l’endroit de la pupille, un losange d’émeraude, de saphir, de grenat et de béryl. Des petits diamants blancs et noirs figuraient les cils. On disait que ce médaillon avait été fabriqué par Limézinaï elle-même, et qu’il conférait une grande sagesse et un grand pouvoir à la personne qui le portait.

Mais un jour, Inaïka et sa famille furent encerclés par des ennemis sanguinaires. Les Ouvaga se défendirent comme ils pouvaient, mais assaillis par le nombre, ils furent faits prisonniers.

 

Les ennemis tuaient systématiquement tous ceux qu’ils trouvaient, et Inaïka comprit immédiatement le sort qui lui était réservé. Menés à l’endroit où ils allaient être assassinés, les Ouvaga chantèrent l’hymne à la Forêt.

 

Peu avant de tuer tout le monde, un des ennemis s’approcha d’Inaïka, et tenta de lui arracher son médaillon. Il tomba aussitôt, foudroyé. Un autre riposta, et massacra tout le monde, en commençant par Inaïka. Puis ses yeux se posèrent sur le médaillon, et lui aussi chercha à s’en emparer, mais à peine l’avait-il effleuré qu’il retira sa main en hurlant de douleur, et, pris de folie, alla se jeter dans un précipice proche. On mit en cause le Soleil, qui devait refléter quelque chose dans les pierres précieuses du médaillon, et on attendit la nuit. Là, à la lumière de la Lune, un des ennemis parvint à pendre le médaillon. Il pensait avoir gagné, mais…

 

Il rentra chez lui, et offrit le médaillon à sa fiancée. Alors que cette dernière s’admirait dans le miroir, elle ne vit pas son propre reflet, mais celui d’Inaïka. Elle arracha le médaillon de son cou, et se vit à nouveau. Intriguée, elle remit le médaillon, et Inaïka réapparut.

« Qui es-tu ? Que veux-tu ? » hurla-t-elle, effrayée.

Inaïka ne pouvait pas répondre, mais elle sourit d’une manière menaçante. L’autre comprit aussitôt qu’il ne fallait pas porter le médaillon ; elle alla trouver son fiancé, et le lui rendit en lui expliquant tout. L’homme éclata de rire : il ne croyait pas une seconde aux maléfices, alors aucune raison de s’inquiéter à cause d’un simple médaillon ! Et pourtant…

 

Il organisa une grande fête la semaine suivante, et décida de porter lui-même le médaillon, comme trophée. La fête débutait, et le premier plat, couvert, fut amené sur la table. Lorsqu’on découvrit le plat, l’homme recula d’effroi : une petite Inaïka sortit en dansant du plat, visible de lui seul. Il courut se mettre de l’eau sur le front, pour faire passer cette hallucination, mais lorsqu’il se regarda dans le miroir de la salle de bain, il vit Inaïka qui le regardait, les yeux luisant, le regard menaçant. Il se dit qu’il était fatigué, ou qu’il avait trop bu, et partit se reposer. Mais lorsqu’il se releva, il vit une multitude de petites Inaïka. Il arracha le médaillon et le jeta au sol, et les innombrables Inaïka disparurent, mais du médaillon se répandit une fumée noire, qui devint verte, puis blanche, et soudain jaillit Inaïka, immense, les yeux rivés sur celui qui lui avait volé son médaillon et qui avaient assassinés tant de personnes.

« Je te le rends, je te le rends ! » hurla l’assassin, horrifié.

Mais Inaïka ne répondit pas et s’avança vers lui. Pris de folie, l’homme ouvrit la fenêtre, et se précipita dans le vide, faisant une chute de cinq étages.

 

La fiancée de l’assassin ramassa le médaillon ensorcelé, et courut le jeter dans la rivière qui coulait toute proche. L’eau de la rivière porta le médaillon dans la Forêt, et le déposa sur la rive. Un arbre naquit à la place du médaillon, un arbre au tronc noir et aux feuilles vert foncé, dont les branches se plient sur la rivière pour pleurer les personnes assassinées, mais qui se dressent au moindre souffle de vent pour rappeler leur souvenir. Les Ouvaga appellent cet arbre « Piétchalenzovdnou », et tout le monde peut l’entendre, quand le vent souffle, entonner l’hymne à la Forêt qu’Inaïka et les siens avaient entonné avant d’être tués.

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